Mieke vous raconte comment cela fait écho au 7eme cycle

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La 3 eme convention européenne sur le travail de jeunesse

16.12.2020

Dans le cadre de la vice-présidence au sein du Cnajep, Mieke Dangendorf de la CMJCF a participé à la 3e Convention Européenne du Travail de Jeunesse qui s'est déroulée à Bonn, Allemagne (ou plutôt en visio, via une équipe technique présente à Bonn) la semaine dernière du 7 au 10 décembre.

Elle nous raconte !

Si tu devais expliquer ce que c’était que cette 3eme convention européenne sur le travail de jeunesse en quelques phrases ?

La première convention, en 2010, a servi à tracer un panorama de l'existant du travail jeunesse en Europe : compréhensions, enjeux, pratiques, particularités...  La deuxième, en 2015, a permis à partir de cet état des lieux d’identifier un socle commun, avec une tentative de définition commune de ce qui est le travail de jeunesse en Europe, son rôle, ses enjeux, son impact sur les jeunes...
Puis, cette troisième convention avait comme but de définir ensemble un Agenda pour le Travail de Jeunesse, avec des objectifs et actions communs plus précis à mettre en œuvre. Cette mise en œuvre se fera via le Bonn Process (la convention aurait dû se dérouler à Bonn, d'où le nom) : donc sa déclinaison au niveau européen, national, régional et local, avec l'engagement de la "communauté de pratiques » du travail de jeunesse ou en anglais la YW community of practice" et des institutions européennes (Union Européenne et Conseil de l’Europe).
L'ensemble de la convention a été décalé dans l'espace virtuel : sans doute un des plus grands événements en numérique, avec près de 1000 participants d'environ 50 pays ; sur 4 jours ; avec un plateau technique sur place à Bonn puis de nombreux intervenants et facilitateurs partout en Europe. 

Les jeunes de provox proposaient après 18 mois de campagne sur la question des travailleurs de jeunesse, de favoriser l’échange d’informations et la mise en réseaux des travailleurs de jeunesse, y compris au niveau européen ? Est-ce qu’une convention comme celle-ci va dans ce sens ?

Oui, cette convention va aussi dans ce sens, car cette « communauté de pratiques » y a une place et un rôle important - en échangeant, travaillant ensemble sur les enjeux et les possibles pistes d'action.

Nous avons notamment beaucoup parlé du fameux triangle praticiens - chercheurs – decideur.e.s.
Plus précisément cette communauté de pratiques dont on parle implique des travailleur.euse.s de jeunesse, des organisations de jeunes, de jeunesses et d’éducation populaire, des formateur.trice.s, des chercheur.euse.s, des enseignant.e.s, des communautés locales, des municipalités, les agences nationales Erasmus +, des jeunes, des décideur.e.s de tous les échelons de gouvernance.

C'est impressionnant comment on peut, en échangeant avec des personnes poursuivant les mêmes enjeux sur le travail de jeunesse, en très peu de temps formuler des revendications et pistes d'action concrètes. Et c'est enthousiasmant de se sentir moins isolé dans ses combats, d'avancer ensemble. Mais aussi de pouvoir prendre du recul par rapport aux réalités du travail de jeunesse dans les différents pays, et donc de pouvoir relativiser.

Il manquait quand même le vrai côté informel.. malgré les efforts de organisateurs, ce n'est pas évident de le faire en numérique.

Une autre info va complétement dans l’une des propositions de Provox ! 

C’est la création d’une plateforme pour faciliter la coopération et l’essaimage d'innovations et la discussion avec cette « communauté de pratiques ». Elle sera mise en place par l'Union européenne et le Conseil de l’Europe (ils en ont beaucoup parlé, mais on ne connaît pas encore le calendrier ni la forme exacte que prendra cette plateforme). Mais elle vise à prolonger les échanges que nous avons pu avoir lors de la convention, et d'approfondir les sujets et coopérations - comme cela a aussi été proposé par Provox.

A Priori, l’idée est de développer, par des processus participatifs, une plate-forme numérique européenne ouverte, inclusive, accessible et multilingue sur le travail de jeunesse pensé comme un outil évolutif pour la communauté de pratique, en synergie et complémentarité avec les plateformes existantes. En écho direct aux propositions Provox, l’idée est de promouvoir une telle plateforme auprès des animateurs de jeunesse locaux, faciliter leur utilisation comme lieu d'apprentissage par les pairs et de soutien mutuel, d'innovation et de pilotage, de discussion sur la qualité et les questions émergentes.

On y parle aussi du co-management system qui doit assurer l'intégration de la voix des jeunes dans le travail de jeunesse à tous les niveaux, notamment au local.  

Près de 90 % des jeunes ayant répondu à l’enquête Provox pense que les travailleurs de jeunesse ne sont pas suffisamment reconnus et que des décisions doivent être prises sur la valorisation de leur formation, de leur rôle social, de leur rémunération et de leur droit : comment dirais-tu que cette convention fait écho à cette préoccupation ?

La convention a travaillé sur 8 grands axes thématiques, qu’y inclut les enjeux notés dans ta question.
La déclaration finale, écrite au cours de la convention en intégrant la parole de tous les intervenants et participants (dispo uniquement en anglais pour le moment ; des traductions viendront), est un document reprenant les enjeux puis des pistes d'actions bien précises pour chacun de ces enjeux clés.

Elle intègre tous ces sujets de ta question et mentionne, entre autres, les pistes d'actions précises suivantes :

- l'importance du financement du travail de jeunesse et des organisations de jeunesse ; qui "permet d'assurer les conditions de base et la protection des travailleurs volontaires et professionnels de la jeunesse, y compris les assurances, les salaires minimums et les réseaux de sécurité en cas d'épuisement professionnel".

- Sur la reconnaissance : il faut rendre le travail jeunesse plus visible et pour qu’il soit mieux compris. Pour cela il faut des recherches pour objectiver son impact pour aider ensuite aussi à sa reconnaissance.

Sur le sujet de la formation, des acquis et des compétences : il a été posé qu’il est nécessaire d’avoir une vision commune de la qualification des travailleurs de jeunesse, afin de garantir la qualité des processus de certification tant dans l'éducation et l'apprentissage non formels que dans l'éducation formelle ...

La déclaration est un document assez complet et ambitieux, qui pose un cadre commun et nécessite d'être décliné aux niveaux nationaux, régionaux, locaux via des plans d'actions. A chaque pays maintenant de s'en saisir et de prendre des actions concrètes.

RDV dans 5 ans pour la prochaine convention du travail de jeunesse !

Voici le lien vers la déclaration : https://www.eywc2020.eu/en/news/final-declaration-of-the-3rd-european-youth-work-convention-signposts-for-the-future.29