Provox Mehdi nous raconte son expérience à la troisième conférence européenne de la jeunesse à Budapest
Article Troisième et dernière Conférence européenne de la Jeunesse à Budapest, un bilan mitigé
Pour cette dernière conférence européenne de la jeunesse de la 10ème campagne, c’est à Budapest que nous nous sommes retrouvé·e·s début septembre. Après celles organisées par les présidences du Conseil de l’UE espagnole et belge, celle-ci s’est déroulée sur une note particulière.
Toutes et tous réuni·e·s autour de l’aspiration à une société plus inclusive pour les jeunesses européennes, la Conférence s’est tenue au Bálna Center, un bâtiment emblématique de la ville de Budapest en forme de baleine, accueillant également le musée de la culture militaire. Tanks, quads et équipements militaires étaient exposés au premier étage du bâtiment, espace par lequel nous entrions. Nous nous étions informé·e·s en amont de la Conférence sur le pays qui l’accueillait, afin de nous y préparer au mieux. Loin d’être un détail, le lieu est donc très symbolique dans un pays dirigé par une coalition d’extrême droite.
Un contexte politique à prendre en compte
En effet, depuis 2010, la Hongrie est dirigée par le Premier Ministre Victor Orbán, du parti Fidesz, considéré d’extrême droite. Depuis son accession au pouvoir, de nombreuses réformes ont été mises en place, portant atteinte à l’état de droit et à la démocratie. Récemment, c’est la loi « de protection des enfants contre la propagande LGBT » qui a mobilisé la Commission européenne, cette-dernière « ouvrant des procédures d’infraction contre la Hongrie […] pour “atteintes au valeurs fondamentales de l’Union européenne” » (Toute l’Europe, 2023 –Source). D’autres atteintes à la liberté de la presse et à la liberté d’expression sont à noter, entrainant des sanctions budgétaires de la part de l’UE.
La thématique choisie par la présidence Hongroise : des opportunités glocales pour les jeunes ruraux
Si la forme revêtait des caractéristiques particulières, le fond aussi. En effet, les présidences du Conseil de l’Europe décident en général des thématiques traitées lors des Conférences Européennes de la Jeunesse, en suivant la chronologie logique de la campagne ; Cette troisième Conférence arrivant alors à la fin de la campagne, elle aurait dû faire la synthèse des deux précédentes ainsi que des apports à la suite de la phase de mise en œuvre. Bien que nous ayons travaillé à des propositions de recommandations déjà bien abouties lors de la deuxième Conférence à Gand, la présidence Hongroise a décidé de restreindre le champ de nos discussions à la seule thématique des « opportunités pour les jeunes de milieux ruraux ». S’ielle·s doivent évidemment être pris·e·s en compte dans nos recommandations, limiter nos réflexions à leurs situations, si sensibles soient-elles, constitue une approche de fait excluante.
Nous n’avons pas été en mesure de pleinement porter les voix des jeunes français·e·s dans ce cadre puisque, lors de la phase de consultation et du Festival Provox, la thématique de la ruralité n’a pas été identifiée de manière spécifique mais bien transversale. De plus, cette approche ne prend pas en compte les réalités des jeunes des territoires isolés comme ceux des trois océans. C’est l’un des points que nous avons défendus, avec le rajout d’une mention de ces territoires dans la proposition de résolution.
En d’autres mots, si des recommandations pertinentes ont été formulées (sur l’accès aux infrastructures, sur la participation, sur la santé mentale des jeunes ruraux …), le cadre proposé n’a pas permis aux jeunes délégué·e·s des différents Etats membres, de remplir pleinement leur mission.
Une détermination toujours présente de la part des jeunes délégué·e·s européen·e·s
Malgré cela, nous nous sommes impliqué·e·s dans nos groupes de travail respectifs (système de soutien social et politiques de protection sociale, entrepreneuriat, agriculture et opportunités d’emploi , système de protection sociale pour les jeunes ruraux, entre autres) pour que des aspects essentiels ne soient pas oubliés. A cette occasion, nous nous sommes nourri·e·s de nos rencontres, notamment avec les jeunes des maisons familiales rurales (MFR), du CRAJEP Réunion, du Crajep Polynésie et du Crajep Hauts de France ainsi que des apports des participant·e·s aux Festival Provox.
Si nous avons retrouvé dans nos groupes, l’énergie habituelle des Conférences Européennes de la Jeunesse et l’envie d’avancer sur ces questions d’inclusivité, j’ai l’impression que l’intelligence collective n’a pas permis cette fois-ci, de faire naître des échanges constructifs. J’ai été quelque peu surpris par la teneur de nos discussions au sein des groupes. Il a par exemple été question dans le mien, portant sur le système de protection sociale, de « repeuplement des campagnes » comme sujet majeur
Des recommandations tout de même portées en Conseil des Ministres de l’UE
Pour finir sur une note plus optimiste quant à l’utilité de notre travail durant la campagne, les recommandations qui ont été formulées en Belgique, lors de la deuxième Conférence, seront reprises dans le texte final du Conseil de l’Union européenne. Elles n’auront pas pu être approfondies mais figureront bien dans le document final !
De-même, cette Conférence était l’occasion de revenir sur les forces et les faiblesses du Dialogue Structuré Européen à l’issue de cette 10ème campagne. Nous avons pu faire des recommandations pour améliorer le dispositif, notamment en ayant un suivi plus transparent et direct des recommandations portées dans les différentes campagnes et adoptées, ainsi qu’une ouverture plus large du dispositif pour des jeunes éloigné·e·s des instances européennes.